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Auditorium Rainier III, Monte-Carlo 23 novembre 2023
C’est le jeune pianiste hypertalentueux Slava Guerchovitch qui rejoint ses aînés la violoniste
Liza Kerob et le violoncelliste Thierry Amadi pour le dernier concert consacré à Serge Rachmaninov à l’occasion du 150 ème anniversaire de sa naissance.
Le Philharmonique de Monte-Carlo a présenté au cours des deux dernières saisons l’intégrale de ses œuvres pour piano et orchestre ainsi que plusieurs œuvres symphoniques.
Il manquait la musique de chambre et le répertoire de chant, (musique liturgique, les chansons et les opéras).
Rachmaninov, à l’instar de nombreux compositeurs russes de son époque, a écrit relativement peu de musique de chambre. Ce concert a réuni une partie des principaux chefs-d’oeuvre. Le trio élégiaque n°1 est un bijou. Des étincelles vacillantes, des flammes passionnées, des braises qui couvent !
Slava Guerchovitch accorde à la partie de piano l’importance qu’elle mérite en jouant avec aplomb et force par moments et avec une délicatesse sublime à d’autres. Le piano fait à tout moment partie intégrante du spectre sonore, comme il se doit. Le violoncelle de Thierry Amadi et le violon de Liza Kerob sont fantastiques avec une intonation parfaite, une précision rythmique et une interprétation stylistique remarquable. C’est émotionnel, inspiré et intuitif. Une fantastique combinaison de sagesse poétique et de fraîcheur juvénile.
La sonate pour violoncelle et piano de Rachmaninov est une des plus belles sonates pour violoncelle de tous les temps : un chef-d’œuvre exquis plein de drame, de passion et de lyrisme. Quel talent artistique parfait et quelle beauté mélancolique imprègne ce voyage musical. Le son que Thierry Amadi tire de son violoncelle est déchirante, magique et très puissante. Il se donne à fond et lors des pizzicati il casse une corde, qu’il remplace aussitôt.
L’interprétation de Thierry Amadi et de Slava Guerchovitch est grandiose. Ils ont capturé l’âme de cette musique. On entend le désir, l’angoisse, la passion, la joie, la réflexion et l’introspection entre les deux instruments, la génialité respire du cœur et de l’esprit. Ces deux merveilleux musiciens ont ce don magnifique de toucher profondément l’âme de l’auditeur.
Liza Kerob incarne le chant de “Vocalise” dans un arrangement pour violon, avec un son, un vibrato et une riche utilisation de la dynamique étonnante.
Le public venu nombreux est ravi et le trio donne en bis des extraits du Prince Igor de Borodine et un arrangement du Nocturne de Tchaïkovski.
fotos: J.L.Neveu