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Photo: Dimitri Capel, Zebuline Magazine
Avec une mer bleu azur, trois cents jours de soleil par an, un Parc national dans la ville et surtout des agités du plectre à tous les coins de rues, il ne manquait à la capitale de la Provence qu’un festival international consacré entièrement à la mandoline.
C’est la troisième édition du Mandol’In Marseille Festival, dirigée par Vincent Beer-Demander. Soliste reconnu dans le monde entier, chambriste, compositeur, professeur, il est le super héros de la mandoline à Marseille.
Pendant le confinement, il était un des premiers artistes à enregistrer des concerts avec un matériel sommaire et à les diffuser régulièrement sur internet. Il a donné des cours gratuits en visioconférence. Le nombre d’admirateurs a considérablement augmenté, et quand la vie normale a repris le dessus il s’est retrouvé
débordé de travail. Il a formé une équipe extraordinaire pour organiser le festival. Le concert d’ouverture a lieu dans la Cour intérieure Carli du magnifique bâtiment historique du Conservatoire de Marseille. C’est une première ! L’Orchestre Philharmonique de l’Opéra n’a jamais joué auparavant au Conservatoire… même si plusieurs musiciens de l’orchestre enseignent au Conservatoire.
C’est Benjamin Levy, le directeur artistique et chef permanent de l’Orchestre National de Cannes qui se trouve à la tête de la phalange marseillaise. Le soliste et le chef se connaissent très bien. Ils ont donné de nombreux concerts ensemble et ils ont enregistré un CD qui vient de sortir. Ils sont complices et très créatifs. L’Orchestre de l’Opéra est en grande forme. Benjamin Lévy laisse sonner et met en avant toutes les qualités de l’orchestre : ils sont heureux de transmettre le bonheur en musique.
Vincent Beer-Demander a sollicité des compositeurs célèbres, pour leur demander d’enrichir le répertoire concertant pour la mandoline. L’enthousiasme de Vincent Beer-Demander, joint à sa virtuosité, les a convaincus de lui dédier des concertos.
Au programme de ce soir, le public marseillais découvre quatre chefs d’œuvres pour mandoline et orchestre, tous dédiés à Vincent Beer-Demander.
Le “Concerto Méditerraneo” de Vladimir Cosma est une oeuvre pleine de soleil et de lyrisme. On est à la fois en Provence et dans le Sud de l’Italie. La mandoline chante des airs familiers.
Des thèmes langoureux et mélancolique alternent avec de savoureuses envolées virtuoses, aux rythmes endiablés.
Le finale “Allegro giocoso” est issu de l’opéra “Marius et Fanny” composé p ar Vladimir Cosma et créé à l’opéra de Marseille en 2005 avec Roberto Alagna et Angela Gheorghiu. Il évoque le Port de Marseille, grouillant de vie et la tendresse des êtres qui peuples la cité phocéenne. Le “Concerto Méditerraneo, entre ombre et lumière, entre joie exubérante, mélancolie et un sentiment élégiaque est un résumé de ce lyrisme lumineux, propre au Midi et qui illumine l’auditeur.
Régis Campo est né à Marseille en 1968. Il obtient son premier prix de composition à l’âge de 27 et depuis il est insatiable et il se renouvelle à chaque composition. “Cinematic Concerto” est dédié à Vincent Beer-Demander. C’est un hommage à plusieurs compositeurs géniaux qui ont marqué la vie musicaIe du mandoliniste. Il ne s’agit nullement pour Campo de se livrer à un catalogue de citations. Il rend hommage au lyrisme au sens mélodique de ses aînés, sans jamais tomber dans le piège de l’exercice de style. Le “Tango Cromatico” dédicacé à Ennio Morricone, conjugue comme souvent chez Campo une dimension en apparence ludique, mais qui ouvre une teinte beaucoup plus grave. Certains passages répétitifs et angoissants font penser à Philip Glass. La contribution de la voix ajoute encore à la tension expressive de ce mouvement qui s’achève par un clin d’œil malicieux.
“La Follia” est un hommage à Lalo Schifrin.
Avec une écriture de variation sur basse obstinée, elle conjugue mystère et fantaisie baroque.
“La Berceuse” est dédiée à Gabriel Yared.
C’est un moment de poésie, éclairée par le sourire d’un humour tout en finesse.
“Dance Pop” est dédicacée à Vladimir Cosma. Régis Campo met l’accent sur l’humour, la joie et la poésie.
Le “Cinematic Concerto” a été créé il y a deux ans, mais nous découvrons une nouvelle version, adaptée pour orchestre symphonique avec un mouvement en plus.
Le “Concerto del Sur” pour mandoline et orchestre a été composé en 2017 pour Vincent Beer-Demander.
C’est un petit chef-d’œuvre. Schifrin déploie toutes les possibilités de l’instrument. Les différents thèmes sont magnifiques. La mandoline est tour à tour langoureuse, percussive, mélancolique, jazzy, sensuelle…C’est un feu d’artifice de sons et de couleurs où Vincent Beer-Demander est impressionnant dans sa combinaison de virtuosité, de poésie et d’enthousiasme. Il ne pouvait rêver d’un meilleur concerto et Lalo Schifrin d’un meilleur interprète.
C’est le premier mouvement “Fantasia” qui nous est proposé pour le soir d’ouverture. Une savoureuse poursuite entre deux thèmes, dont le second motif dérive du premier et dont le caractère très différent les rend complémentaires. Vincent Beer-Demander annonce que les autres mouvements seront joués à des prochains concerts, un peu comme les feuilletons.
C’est le premier mouvement “Fantasia” qui nous est proposé pour le soir d’ouverture. Une savoureuse poursuite entre deux thèmes, dont le second motif dérive du premier et dont le caractère très différent les rend complémentaires. Vincent Beer-Demander annonce que les autres mouvements seront joués à des prochains concerts, un peu comme les feuilletons.
Lalo Schifrin a accueilli avec beaucoup d’émotion les Variations sur le thème de Mission Impossible composées par Nicolas Mazmanian en hommage au Maestro. Nicolas Mazmanian évoque par ces variations la vie du compositeur. De son pays natal, l’Argentine, de son amour pour la musique baroque en passant par le jazz pour terminer par une évocation à Olivier Messiaen, le Mentor de Schifrin.
L’orchestration est intense et colorée et termine le concert en composition pyrotechnique.
Vincent Beer-Demander donne en bis le Concertino “Encore” composé par Claude Bolling, et le thème célèbre du Parrain de Nino Rota dans l’arrangement pour mandoline et orchestre de Christian Gaubert.
Une soirée mémorable.
Le Festival continue avec un projet exceptionnel réunissant soixante enfants de 5 à 15 ans des quartiers de Marseille, qui se réunissent chaque samedi de l’année au Conservatoire pour former “l’Orchestre de Mandoline des Minots de Marseille” afin de se produire en concert. C’est Catherine Arquez l’épouse de Vincent Beer-Demander qui les prépare avec dévouement avec son mari. Le ravissement de voir et entendre ces enfants jouer de la musique.
Un concertinoubliable avec une centaine de mandolinistes adultes sous la direction de la “star” brésilienne de la mandoline Hamilton de Holanda font du Festival Mandol’In Marseille un événement
unique, où chaque soir les concerts affichent complet.